Le Procès de l'herboriste




 
Réalisateur :
  Agnieszka HOLLAND
Acteurs :
  Ivan Trojan, Josef Trojan, Juraj Loj, ...
     
Genre :
  Biopic, Drame, Historique
Durée :
  1 h 58
Date de sortie :
  30/06/2021
Titre original :
  Charlatan
   
Note "critique" :
  1,25
 Classement 2021
  11 / 93

Résumé :
.O

xx
.O.
Dès son plus jeune âge, Jan Mikolášek se passionne pour les plantes et leurs vertus médicinales. Il devient l’un des plus grands guérisseurs de son époque. Dans la tourmente de la guerre et des crises du XXe siècle, il consacre sa vie à soigner sans distinction les riches comme les pauvres, les Allemands nazis sous l’Occupation comme les fonctionnaires communistes d’après-guerre. Sa popularité finira par irriter les pouvoirs politiques. Accusé de charlatanisme, Mikolášek doit alors prouver le bien-fondé de sa science lors de son procès.
.O.

Xavier
@ @ (+)

.O.
10/07/2021
Le choix du titre du film influence-t-il la manière dont on le reçoit ? Vous avez 1h58 pour réfléchir à cette question en prenant en compte le titre original ("Charlatan") et le titre français ("Le procès de l'herboriste"). Ma femme et moi avons reçu le film de manière diamétralement opposée : elle y voit en effet les agissements d'un charlatan et moi j'y vois la vie d'une personne qui aura rendu plus supportable l'existence d'un nombre impressionnant de personnes.

Il n'est pas question de savoir qui a tort ou qui a raison, mais plutôt de se demander pourquoi les scénaristes ont voulu illustrer la vie de ce personnage réel en ajoutant un binôme qui n'a jamais existé et qui n'est là que pour illustrer l'homosexualité supposé du personnage principal et servir de paratonnerre dans une scène finale assez terrible. Le scénario du film est cousu de fil blanc et cela dès la présentation du personnage qui semble avoir un "don" pour diagnostiquer et soigner alors que la vérité est bien plus nuancée (ah... ce n'est pas vendeur de montrer qu'il y a du travail derrière tout cela).

Un très bon article de "Courrier international" rappel la vie du bonhomme (je l'ai copié en bas de cette critique) et montre le coté ambigüe du personnage de manière bien plus intéressante que ce qui est montré dans le film. Là, il est question de loyauté, de croyance, de pseudo-médecine : qui peut croire qu'à l'instar des horoscopes - dans lesquels 12 descriptions peuvent coller à la vie de millions de lecteurs - 5 mélanges d'herbes peuvent résoudre les problèmes de centaines de milliers de malades ?

Cela fait penser à l'homéopathie ou aux guérisseurs que l'on va voir quand la médecine traditionnelle a échouée. Et-ce que cela marche ? Pas à 100% (mais la médecine non plus) et si cela aide ne serait-ce qu'une personne, n'est-ce pas suffisant pour ne pas la rejeter en bloc ? La question se pose et l'on rétorquera que cela fait bien longtemps que "l'effet placebo" a été étudié en médecine et que ses effets bénéfiques ont été prouvés. Il n'empêche : le personnage n'est pas un bon samaritain et il se fait payer (de manière détournée mais tout de même). Là encore on pourra rétorquer que cela fait partie du processus. Et tout pourrait être justifié si l'on se dit que les malades qui viennent le voir sont volontaires et n'ont pas d'autre espoirs... Mais est-ce vraiment le cas ? Va-t-on le voir car tous les autres recours ont été épuisés ou va-t-on le voir car on a davantage confiance en lui qu'en la médecine traditionnelle (ou parce que l'on n'a pas accès à la médecine traditionnelle pour des questions de distance ou de coûts ?).

C'est finalement la question des médecines alternative qui pourrait être au cœur de ce film.... mais aussi celle de l'attitude de ce médecin qui a collaboré avec les nazis en partant du principe que le contraire aurait abouti à un suicide inutile. Là encore la question mérite de se poser et elle rejoint toutes mes interrogations sur les discours contre les collaborateurs, mis tous dans le même sac avec l'assertion "moi, jamais je n'aurais fait cela", tellement aisée à prononcer quand on est bien calé dans son fauteuil de cinéma...

Cet homme au destin extraordinaire ne semblait pas avoir la folie des grandeurs ni l'envie de passer à la postérité et, de fait, je ne suis pas certain qu'on le connaisse aujourd'hui en ex-Tchécoslovaquie à la manière d'un Pasteur ou d'un autre grand médecin en France.

Bref, je trouve le film limite malhonnête dans la présentation du bonhomme et, même là, il ne me parait pas complètement antipathique. Certes, sa relation avec son "second" et - surtout - la femme de ce dernier est à la fin détestable mais ce dernier l'a choisi et l'assume.... cela ne fait pas grandir l'homme derrière le médecin mais qui, à la fin de sa vie, peut se retourner et se dire qu'il a agit parfaitement (ou même simplement correctement) 100% du temps ? Si l'on prend une balance et que l'on met dedans les actions positives et négatives menées par cet homme, qu'on charge la barque en disant qu'il était attiré par l'argent (ce qui n'est pas une tare) et qu'on ajoute le nombre de personnes soignées... dans quel sens penchera-t-on ? Certes on ne sait pas combien de ses patients sont morts en espérant que ses "soins" fonctionnent alors que d'autres traitement, clairement connus auraient fonctionnés... mais auraient-ils eu accès à ces fameux traitement ?

Non, vraiment, je n'arrive pas à trouver cet homme détestable, ni à le qualifier de charlatan. Evidemment ce que j'écris est un mix de ce que j'ai vu dans le film et lu sur la vie de Jan Mikolásek mais je trouve que le film permet de se poser ce genre de question, de débattre autour de ses actions et donc de remplir une des fonctions premières d'un film. Les défauts du scénario l'empêcheront de viser plus haut que ces @@+ mais dans l'état, le film m'a déjà bien intéressé :-)

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Article du courrier international : https://www.courrierinternational.com/article/en-salle-le-proces-de-lherboriste-dagnieszka-holland-la-vraie-histoire-du-guerisseur-jan

Beaucoup de ses patients considéraient Jan Mikolásek comme un guérisseur miraculeux. Mais d’autres l’ont aussi maudit. “Je ne suis ni un artiste ni un scientifique célèbre. Je suis juste un herboriste. Un jour, on m’oubliera…”, prétend-il en introduction de son autobiographie, rappelle l’hebdomadaire tchèque Reflex. “Les fleurs, les herbes et la nature en général – c’est ma vie !” répétait-il souvent.

La réalisatrice polonaise Agnieszka Holland l’a sorti de l’oubli : elle a fait remonter à la surface le souvenir de cet homme au caractère complexe, au destin haut en couleur et aux talents inexplicables. “Mon film explore des notions comme le mystère de la foi, ou des méthodes non scientifiques pour soigner le corps humain de façon naturelle : ce sont des choses qui m’intéressent”, explique la cinéaste :

Cet homme avait un don et il en a payé cher l’usage. Mais derrière cela se trouve aussi la question de savoir si l’on a le droit de faire preuve d’immoralité au prétexte que l’on possède un talent.”

Larcins et appât du gain

Le Procès de l’herboriste est construit autour du récit des poursuites judiciaires dont a été victime Jan Mikolásek après la mort de son protecteur Antonín Zápotocký, président de la Tchécoslovaquie communiste de 1953 à 1957 (le guérisseur l’avait sauvé de l’amputation d’une jambe, en 1946, alors qu’il était revenu atteint de gangrène de six années passés dans le camp de concentration nazi d’Oranienburg).

L’hebdomadaire Reflex, dans un long article détaillé, rappelle à ses lecteurs ce que l’on sait sur le personnage historique.

Horticulteurs, le grand-père et le père de Jan Mikolásek avaient déjà la main verte. Très vite, celui-ci marche sur leurs traces. D’abord jardinier dans un château du sud de la Slovaquie, il est ensuite employé comme apprenti dans les environs de Vienne, jusqu’à la veille de l’éclatement de la Première Guerre mondiale. C’est durant cette période qu’il fait la connaissance d’un médecin autrichien qui lui fait part de ses regrets :

Les gens ne sont absolument pas conscients de tout ce que leur offre la nature. L’eau, le soleil, l’air et les plantes constituent une formidable richesse, dont les populations elles-mêmes s’éloignent.”

Déjà, cependant, sa réputation de guérisseur en herbe souffre des premiers délits que Jan Mikolásek commet, des vols de plantes rares notamment. Son appât du gain lui vaut d’être condamné à une peine de travaux forcés. Puis, envoyé au front, il subit une grave blessure à la main qui lui permet de rentrer dans sa Bohême natale et de reprendre l’exploitation de son frère, tué en 1916.

Au grand air et dans la crainte de Dieu

Sa santé fragilisée par la guerre l’amène à faire la connaissance de Josefa Muhlbacherová (incarnée à l’écran par Jaroslava Pokorná), une fermière réputée pour ses dons de guérisseuse, dont les diagnostics sont le fruit de l’observation des urines, et les traitements à base d’herbes. Les conseils de la vieille femme menue et fragile, auxquels certains collaient l’étiquette de sorcière, ne sont alors nullement en contradiction avec les recommandations des experts en médecine traditionnelle : passer le plus de temps possible au grand air, avoir une alimentation équilibrée, vivre en harmonie avec la nature – et dans la crainte de Dieu. C’est ainsi que Mikolásek approfondit sa connaissance des plantes et apprend lui aussi à “lire” dans les urines de ses patients.

Le jeune herboriste guérit son frère cadet et sa sœur de différents maux. Bien plus tard, après sa mort, plusieurs lettres ont été retrouvées dans ses affaires, dont les auteurs, blessés de guerre ou parents d’enfants, le remercient de leur avoir permis d’éviter l’amputation d’un bras ou d’une jambe. Il soigne les humbles comme les puissants, les anonymes comme les célébrités.

Craint parfois de ses propres patients, marié mais soupçonné d’être homosexuel, à une époque où cela est encore considéré comme un délit, Jan Mikolásek était aussi un homme au caractère bien trempé qui, au fil des années, a consacré toujours plus de temps aux malades, préparant mélanges, onguents et huiles du matin au soir. Mais son aura dérangeait. Les journaux parlaient d’un herboriste miraculeux qui ne demandait certes pas d’honoraires pour ses diagnostics – cela aurait constitué un autre délit –, mais qui gagnait vingt ou trente couronnes sur chaque paquet de tisane ou autre préparation.

Le guérisseur des dirigeants nazis puis communistes

Le guérisseur n’est pas un héros pour autant. En mars 1939, les troupes du IIIe Reich envahissent la Tchécoslovaquie. “Bien sûr que les dignitaires nazis sont venus me voir et ont sollicité mes services”, reconnaîtra-t-il plus tard. Il n’éconduit pas l’occupant, refusant “un suicide inutile”, comme il se justifiera dans son autobiographie, alors qu’un de ses neveux, engagé dans l’Armée de l’air française, meurt au combat en 1940 et que son plus jeune frère meurt à Auschwitz en 1943.

Après la guerre, le futur président Antonín Zápotocký, malade, sollicite son aide. Les communistes s’apprêtent à prendre le pouvoir et Jan Mikolásek s’en accommode comme il s’était accommodé de la domination allemande sous le Protectorat. Quand les grands de ce monde sont malades, ils aiment faire appel à un guérisseur, et les camarades de l’élite dirigeante en Union soviétique en sont le meilleur exemple.

Ainsi était l’homme qui, pourtant, après la mort du président communiste, sera condamné par le régime, en 1959, à cinq ans de prison pour fraude fiscale et escroquerie. Une fois ses biens confisqués par l’État, les journaux évoquent son auréole éteinte, et avec elle celle de tous les autres “charlatans” comme lui.
.O.


Première :
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.O.
Avec son parti pris de se concentrer sur l’intériorité de son héros, Holland dévitalise son récit, une impression renforcée par l’impersonnalité de sa mise en scène.
.O.


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